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La reconversion professionnelle volontaire vers les métiers de la filière équine

notamment. Ce type d’emploi nécessite pour les reconvertis de passer par la case formation avant de

prétendre à une insertion professionnelle.

L’Observatoire de l’emploi, des métiers et des formations de la filière équine démontre qu’il est également

fréquent d’observer des candidats sur-diplômés au regard du poste visé. A titre d’exemple, 8% des candi-

dats ayant postulé à une offre d’enseignant d’équitation disposent d’une formation de niveau III à I alors

que le BPJEPS, indispensable à l’exercice de la profession, ne requiert qu’un niveau bac (IV). Le métier de

soigneur ne ne demande aucun diplôme pour exercer et pourtant 50% des candidats ayant postulé à une

offre de soigneur disposent d’un niveau V et 10 % de niveaux I à III

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.

On peut sans doute expliquer ce phénomène par les parcours des reconvertis : nous pouvons imaginer

que les personnes diplômées d’un niveau III exerçant auprès des chevaux ont à un moment réfléchi à

leur parcours professionnel et ont un jour choisi la voie du « métier-passion ». Bien qu’il soit impossible de

quantifier la part des reconvertis à travers ces chiffres, tout nous amène à penser qu’ils sont nombreux à

avoir exercé un poste correspondant à leur niveau d’étude puis repensé leur trajectoire professionnelle.

Il est également possible que ces personnes aient assuré leur deuxième partie de parcours professionnel

en se prémunissant d’un bagage scolaire mais aient désiré débuter leur carrière par un métier qui les

passionne.

Des difficultés de recrutements pour les employeurs

Les employeurs s’accordent pour souligner le manque d’implication des jeunes et la rareté des profes-

sionnels expérimentés. Les métiers de la filière équine demandent de l’implication, de l’autonomie, de la

réactivité et des connaissances sur le cheval. Selon les employeurs, une partie des jeunes diplômés n’est

pas suffisamment motivée pour évoluer dans ce milieu.

A ce sujet, un employeur affirme dans le cadre de notre enquête : « beaucoup de jeunes ne veulent plus

travailler même à temps partiel pour avoir une expérience complémentaire. L’apprentissage est trop cher

pour une nouvelle entreprise. Les stagiaires ne sont pas motivés. Les formations pour adultes sont plus cohé-

rentes que les études classiques, trop théoriques et manquant de pratique. »

Face à ce constat, la question de la compétence se pose. Si les employeurs ne sont pas exigeants en

termes de diplômes, les compétences spécifiques et transversales demandées sont en revanche nom-

breuses. Au regard de la multitude de tâches au sein d’une écurie, la polyvalence est très appréciée des

employeurs. Un des employeurs interrogés préconise, à ce titre, de « revenir à des formations longues en

immersion libre dans les entreprises. Passer du temps dans 5 entreprises différentes de la filière c’est observer

et acquérir les fondamentaux. Le problème de la reconversion reste aussi le manque de temps pour trans-

mettre et former. »

La place du reconverti dans la filière équine

Les conditions de travail engendrant un désenchantement des jeunes professionnels du secteur freinent

la professionnalisation des futurs salariés de la filière équine. En 2014, la MSA estime qu’un quart des sala-

riés agricoles équin est renouvelé. Ces nombreux départs obligent les employeurs à élargir leur recherche

de personnel. L’arrivée des reconvertis, déjà expérimentés, pourrait potentiellement répondre à ce désé-

quilibre structurel en termes de ressources humaines dans la filière.

Un reconverti a obligatoirement de l’expérience professionnelle et de ce fait connaît le milieu du tra-

vail. De plus, son âge lui permet d’avoir du recul, fort de ses expériences, il peut s’adapterplus facile-

ment à une nouvelle branche professionnelle. Ces éléments peuvent s’apparenter à des atouts pour des

employeurs qui apprécient également la motivation de reconverti et la construction d’un projet mûri. Il

apparaît ainsi qu’un reconverti formé, passionné, motivé, conscient des difficultés et travailleur peut pré-

tendre intégrer la filière équine. En revanche, une problématique se pose : le reconverti peut aussi faire

face à la désillusion, au même titre que le jeune professionnel.

En effet, les employeurs craignent ces situations : un candidat en quête d’une première expérience peut

les effrayer et ainsi bloquer le recrutement. Toutefois, deux employeurs témoignent : « l’équitation est blo-

quée dans un cadre archaïque qui considère le cheval comme un outil et le cavalier comme un soldat.

4 Données issues du service d’équi-ressources