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Partie 2

Profil des personnes en reconversion

La vocation contrée

La vocation contrée est caractérisée par « le fait pour un individu d’avoir été empêché de mettre en

œuvre des attirances, des penchants pour un domaine particulier

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». En d’autres termes, cette première

étape du processus relève ce à quoi l’individu aspirait et en quoi les désirs de l’individu ne sont pas satis-

faits par l’emploi occupé.

Souvent, on observe une première insertion professionnelle qui ne satisfait pas la personne et qui résulte

d’une orientation non choisie, « contrée », pouvant s’expliquer par de multiples facteurs : l’interruption

des études pour des raisons financières, les contraintes du marché du travail, l’influence des proches, le

choix des parents, de mauvais résultats scolaires... Le désir du jeune individu est souvent écarté. En effet,

son premier choix est « jugé idéaliste, utopique, voire irrationnel par la famille, puisqu’il ne tient compte ni

des capacités de l’intéressé ni de l’état du marché »

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. A ce stade, le projet de l’individu est soit sous-éva-

lué ou surévalué.

Si nous ne listerons pas l’ensemble des événements pouvant interférer dans le choix de la première orien-

tation, nous nous intéresserons à l’orientation rationnelle. Les ouvrages relatifs à l’orientation font souvent

référence à la solution rationnelle proposée par les institutions et l’entourage de l’élève ou l’étudiant.

Trouver un emploi, s’insérer dans le milieu du travail n’est pas facile. Afin d’éviter le chômage, les jeunes

s’orientent vers des secteurs plus porteurs et abandonnent l’idée de se former dans un domaine « bou-

ché » où l’insertion professionnelle est difficile. L’assurance de trouver facilement un emploi prime dans le

choix du jeune et de ses parents.

Les spécialistes de l’orientation, par méconnaissance ou par choix, font rarement référence aux filières

qui sont, certes porteuses d’emploi, telle que la filière équine, mais qui proposent en grande partie des

postes contraignants et physiquement pénibles. Ces conditions nuisent à son attractivité. Une orientation

rationnelle ne se limiterait donc pas uniquement à une rapide insertion mais aussi à de bonnes conditions

de travail.

La vocation contrée apparaît chez les personnes interrogées comme un soutien à leur démarche de

reconversion. Elle permet de la justifier. La vocation contrée peut avoir deux conséquences : soit elle

ouvre directement sur la phase de latence puisqu’elle est la justification de la reconversion profession-

nelle, soit elle s’empêtre dans la frustration. Dans le premier cas, le discours de la vocation contrée fait

office de médiateur pour rassurer l’individu et contribue à le convaincre de la nécessité d’un change-

ment. A l’inverse, dans le second cas, l’individu niera cette frustration et trouvera des justifications pour

légitimer le fait qu’il reste dans son emploi. Ce cas amène à l’abandon de la démarche de la reconver-

sion puisque l’individu ne pourra se décider.

Le désengagement

Indiqué comme la deuxième étape du processus de reconversion, le désengagement fait référence à

des éléments propres à l’organisation du travail. Cette étape s’accompagne d’un désinvestissement

qui permettra de déclencher une reconversion. Le désinvestissement renvoie à l’écart ressenti entre les

attentes, les idées, les valeurs et la réalité de la profession. En d’autres termes, les personnes se désen-

gagent parce qu’elles sont insatisfaites de leur situation professionnelle.

Les témoignages montrent qu’une restructuration, un changement de direction, une situation de travail

sans perspective influent sur la décision de changement de projet professionnel. Ces facteurs conjonc-

turels conduisent à une sensation d’inadéquation avec l’univers de travail et vont devenir déterminants

dans la réorientation de la trajectoire professionnelle. Dans le cadre de cette étude, nous faisons le choix

de ne pas retenir les critères de salaire ou de conditions de travail, considérant que la filière équine n’a

pas la réputation d’être à même de combler ces manques. Les facteurs d’ambiance, de pression au

travail, de dégradation du climat relationnel, de désaccord sur les choix de l’entreprise et d’absence de

perspective sont des facteurs que nous considérons comme déterminants dans les choix de reconversion

vers la filière équine.

7 NEGRONI, C. (2007). Reconversion professionnelle volontaire, Paris : Armand Colin.