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Partie 2

Profil des personnes en reconversion

Cet événement marque l’attachement de la femme au projet de son conjoint et lui, le besoin qu’il a

d’être épaulé pour se lancer.

« Et puis quelques semaines plus tard, je déjeune avec mon mari et il me dit : ça serait vraiment bien que

tu trouves ce que tu as envie de faire, ce serait chouette pour toi. »

« On a fait un périple pour aller visiter mon frère, on est passés dans un petit village où il y avait des

champs avec des roulottes posées et mon mari me dit : bah tiens tu voulais faire une ferme pédago-

gique, tu montes à cheval, tu fais de l’attelage, tu n’as qu’à mettre des roulottes et les faire tracter par

les chevaux. Je lui ai dit : mais ça ne va pas tu te rends compte, c’est dangereux, enfin non…. En fait

c’est venu comme ça, donc au fur et à mesure, on a mis l’activité en place et je me suis dit : bah oui

finalement pourquoi pas. »

Une professionnelle des courses avait d’ailleurs relevé l’influence du compagnon dans le travail avec les

chevaux : « la filière équine s’est ouverte aux femmes entraînant une forte augmentation de leur nombre

dans la filière. On remarque sur le terrain que les hommes dans la filière équine ont besoin du soutien de

leur femme pour supporter les contraintes qu’impose le cheval (horaires discontinues, travail le week-

end). A l’inverse, une femme appréhende mieux les contraintes de la filière équine. La place de son

conjoint influencera moins son choix et la progression de son métier ».

Un rapport à l’âge différent entre employeur et reconverti

A partir des données de la MSA de 2012, il apparaît clairement que la filière équine se distingue par

une population salariée jeune. Selon l’Observatoire de l’emploi, des métiers et des formations de la

filière, la moyenne d’âge dans cette filière est de 30,6 ans soit 9,3 ans de moins que la moyenne d’âge

nationale des salariés toutes filières d’emplois confondues. La tranche des 18-22 ans représente à elle

seule un quart des salariés et près de 64% des actifs de la filière équine sont âgés de 18 à 35 ans

16

. La

passion parfois accompagnée d’une rupture avec le système scolaire « classique » incite ces jeunes à

réaliser des études courtes leur permettant de s’insérer très tôt. Cette première expérience profession-

nelle avec le cheval permet aux jeunes d’infirmer ou de confirmer ce premier choix professionnel. Elle

vérifie également leur volonté de s’insérer durablement dans la vie active, à un âge où la majorité des

jeunes poursuivent leurs études.

Face à ce constat, plus de 72% des employeurs interrogés par notre questionnaire ont répondu favora-

blement à l’arrivée de personnes en reconversion. Les commentaires soulèvent le besoin de « sang neuf »

et d’un « regard nouveau » essentiellement dans l’espoir de redynamiser une filière équine vieillissante

où les « jeunes sont là par dépit ». L’innovation et la polyvalence sont à de nombreuses reprises mention-

nées et sont attendues par les employeurs pour faire changer la filière. L’apport de connaissances autres

qu’équines est vu comme un atout de manière générale et non comme un frein à l’insertion. Aux yeux

des employeurs, ces connaissances connexes participent à une ouverture d’esprit et à une nouvelle

réflexion. Selon eux, la filière manque de personnes diplômées qui amélioreraient le fonctionnement des

entreprises de la filière. Quant aux employeurs non favorables à l’arrivée de reconvertis dans la filière

équine (28%), ils estiment que les métiers du cheval sont durs et que seule une personne jeune peut les

pratiquer. Ils craignent de faire face à des rêveurs qui ne connaissent pas la réalité du travail avec les

chevaux et qui, finalement ne se serviraient de leur reconversion dans la filière équine que comme une

transition.

S’il n’est pas un élément déclencheur, l’âge intervient dans la décision d’engager une reconversion pro-

fessionnelle. Un reconverti interrogé dit que « 40 ans c’est la moitié de la vie, peut-être à peine la moitié,

c’est donc maintenant qu’il faut se lancer. A 20 ans, tu es trop jeune, tu n’as pas l’expérience, tu ne peux

rien faire. Entre 35 et 40 ans, tu arrives à l’âge de raison qui te permet de réfléchir par rapport à toi. Il y

a encore 30 ans à tirer derrière minimum donc autant faire quelque chose qui nous plaît pour le reste.

Et puis je dirais à 60 ans si on arrive à vendre notre propriété rien ne nous empêche d’avoir nos chevaux

pour le plaisir. »

16 Données MSA regroupant l’ensemble de la population salariée de la filière équine (26636 salariés en 2012).